L’hôtel du Chaldron ou Maison des Loups ou Café de Paris ou Maison Seigneuriale ou Hôtel de Jean de Charmes.
La niche d’angle de cette belle demeure de style Renaissance porte à sa base la date de 1537. En fait, il s’agit sans doute de la reconstruction car cette maison est déjà désignée dans les anciens écrits… «Ainsi un acte du 18 Mai 1346 la mentionne pour la première fois en ces termes: – Henri, comte de Vaudémont, reconnaît que Raoul Duc de Lorraine et ses hoirs ont leurs affouages pour leur maison de Charmes dite du Chaldron». Dans un autre acte daté du 23 décembre 1444, Nicolas de Charmes écrit avoir repris de René Duc de Lorraine une maison avec les usoirs dit la mâson Chaldron.
Après la mort de Charles le Téméraire sous les murs de Nancy, René récompense les seigneurs restés fidèles à sa cause, parmi eux Jean de Charmes fils de Nicolas de Charmes, qu’il nomme capitaine de la ville et propriétaire de l’hôtel du Chaldron. Ses héritiers, sa fille Marguerite et son gendre Guillaume des Armoises entreprennent sa remise en état et son embellissement, la date de 1537 l’atteste.
Dans la personne du capitaine Jean de Charmes s’éteignit cette ancienne famille seigneuriale. Sa fille unique épouse de Guillaume des Armoises, devint propriétaire de l’hôtel du Chaldron, et ensuite ses descendants. L’un d’eux Nicolas des Armoises vendit en 1563 au duc de Lorraine les droits qu’il possédait sur le four banal et la maison du Chaldron. Le duc Charles III et son épouse y séjournèrent à plusieurs reprises. Le dus Charles IV également… C’est là qu’il signa en 1633 avec Richelieu le funeste traité de Charmes… Pendant le pillage de 1635 par le colonel Gassion, la maison seigneuriale fut non seulement pillée mais incendiée, et rendue inhabitable pour la famille ducale qui n’y revint jamais. En 1662 un certain Jean Bourel dit Maison-Blanche la releva de ses ruines. Le duc, qui l’avait anobli, lui en avait sans doute fait présent en remerciement de trente années de bons services militaires… François Gerbault, allié à la famille Maison-Blanche, en devint propriétaire en 1790. Il était juge de paix du Canton de Charmes…
En 1835 les héritiers Gerbault vendirent l’hôtel du Chaldron à Charles Luxer, maire de Charmes et aïeul maternel de Maurice Barrès (la fille de Charles Luxer épousa l’ingénieur civil Auguste Barrès, ce sont les parents de Maurice Barrès). La maison seigneuriale devint une pharmacie, Charles Luxer étant pharmacien… Ce fut ensuite une épicerie, des cartes postales en font foi, puis un café, le café de Paris où pendant des années se réunirent les clubs de notables de la ville, puis une clientèle ordinaire d’un café. En soixante ans, écrit Vital Collet, l’hôtel du Chaldron fut vendu neuf ou dix fois. La maison seigneuriale a retrouvé ses splendeurs d’antan et un meilleur emploi dans l’Office du Tourisme. Désormais, elle abrite le Conservatoire du Patrimoine de Charmes.
D’après un texte d’Henriette Méline dans « Le Charmes de nos rues et leurs histoires » actualisé.
Place Du Chaldron ou du Coignot.
Autrefois place du Coignot… En patois « coignot » signifie « coin »… Plusieurs ruelles débouchaient (et débouchent encore) sur cette place; l’une d’elles perpétue encore le terme «coignot», elle rejoint la rue de la République (ex rue du Four). Une précision, ces ruelles dites « coupe-feu » étaient censées arrêter, ou du moins ralentir, la propagation des incendies, fréquents à l’époque dans ce quartier le plus pauvre de la ville et dont les maisons étaient en bois d’où risque accru.
Revenons à la place du Chaldron (c’est à dire chaudron). Sur cette place s’ouvrait la porte principale de l’Hôtel du Chaldron, une belle porte ouvragée qu’on peut encore admirée aujourd’hui. Pourquoi « chaldron » ? Je n’ai pas de réponse à cette question mais il est permis de supposer que, suivant les usages du temps, les troupes mercenaires ou simplement celles accompagnant le Duc de Lorraine allumaient au Centre de la place un grand feu, sous un énorme chaudron souvent en cuivre où cuisait la pitance de la soldatesque….On peut imaginer, festoyant bruyamment autour du feu, sur cette place du Chaldron, les soldats du terrible colonel Gassion, ou bien les mousquetaires du cardinal de Richelieu (qui vint en ces lieux) ou encore les sauvages Bourguignons de Charles le Téméraire….
Texte extrait du livre d’Henriette Méline Le Charmes de nos rues et leurs histoires.
Après le canonnage de Charmes et l’incendie de Charmes, il fut décidé de raser quelques maisons pour aérer la rue de la République et construire la caserne des pompiers. Suite à la construction d’une nouvelle caserne des pompiers à proximité de l’autoroute, la caserne fut dédiée aux garages des voitures municipales. Il y a quelques années, l’ancienne mairie réfléchissait à en faire un marché couvert et cette année 2022, elle fut rasée pour donner place à un parking un peu agrandi.
Document réalisé par Chantal Carrara.
Le traité de Charmes.
Ce traité fut signé entre Richelieu au nom du roi de France Louis XIII et le Duc de Lorraine Charles IV en 1633 à l’hôtel du Chaldron.
Voici une historique du traité emprunté à Renauld et Vital Collet, d’après les mémoires de Forget, médecin du Duc Charmes IV : le 18 septembre 1633 à sept heures du soir arrive à Charmes le Cardinal de Richelieu, escorté de ses mousquetaires, et accompagné par le Nonce du Pape le Cardinal de Lavalette, du Duc de Lavalette et de plusieurs gentilshommes. Le Cardinal loge au 20 de la rue Pidolot. A neuf heures du soir, las d’attendre le duc, le Cardinal se couche ; vers onze heures du soir Charles IV arrive enfin, se rend chez le Cardinal, apprend qu’il est couché, refuse qu’on le réveille et retourne à l’hôtel du Chaldron…. Le lendemain matin Richelieu apprend l’incident, manifeste son mécontentement de n’avoir pas été réveillé et se rend chez le Duc, qui est encore au lit, refusant qu’on l’éveille ; il s’en va à l’église entendre la messe et trouve le Duc sur le parvis de l’Église après l’office. Après les compliments d’usage Richelieu dit au Duc : « Monsieur vous feriez mieux d’entendre la messe après quoi nous traiterons ! » et il rentre chez lui rue Pidolot où le duc le rejoint ; toute la matinée, et tout l’après-midi, ils discutent, sans résultat. On croit que tout est perdu, l’ordre est donné aux troupes de se tenir prêtes au départ. Le lendemain matin 20 septembre à neuf heures, Richelieu vient dire adieu au Duc à l’hôtel du Chaldron…. Tous deux parlent, puis demandent une écritoire et le traité est signé alors qu’on y croyait plus.
Il stipule :
1/le mariage de Guillaume d’Orléans est déclaré nul.
2/le Barrois appartient désormais à la couronne de France.
3/le Duc de Lorraine licenciera ses troupes et n’en lèvera pas sans le consentement de Louis XIII.
4/Charles IV renoncera à toute alliance contraire aux intérêts de la France.
5/Les clés de Nancy devront être immédiatement remises.
Après quoi Louis XIII fait son entrée solennelle à Nancy le 24 septembre 1633, en présence d’une population silencieuse et consternée ! (Les Lorrains refusent d’être français, ils veulent rester Lorrains.) Charles IV ne respectera pas le traité qu’il a signé… Après une abdication fantoche, il reprend les armes contre la France… La Lorraine et Charmes redeviennent le théâtre des exactions, avec toujours les mêmes conséquences, pillages, incendies, viols, massacres, entre autres destruction des portes et des ponts de bois, du moulin, la famine s’installe… Le colonel Gassion arrive, on cannait la suite.
Texte d’Henriette Méline dans le Charmes de nos rues pages 41,42 et 43.
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