Le lavoir + canal des moulins

Le canal du moulin.

Ce canal date du Moyen-Age. C’était un des quatre fossés de protection des remparts de la ville et en même temps un bras de la Moselle aux XI et XII siècles. A cette époque, ils servaient aux deux moulins banals :

– un appartenait aux Sieurs de Savigny (situé au niveau des anciennes brasseries).

– l’autre appartenait au Seigneur de Charmes (à peu près en face du stade actuel).

Ainsi, ce bras de la Moselle (trois bras à l’époque) a été aménagé en canal pour alimenter les lavoirs et les industries.

Un barrage sur la Moselle a été réalisé en 1858 pour mieux l’alimenter. A ce moment-là, le profil du canal a changé. Jusque-là, il longeait le château Barrès. Désormais, il vient directement de la Moselle.

En 1867, la ville et Mr Cadet propriétaire des moulins demandent la permission de réparer le barrage pour la nécessité d’irriguer la prairie de la ville et la mise en mouvement des moulins Ils obtiennent l’autorisation avec obligation de contrôle des Ponts et Chaussées à la fin des travaux (page 23 dans le livre Le Battant d’Henriette Méline).

En amont du Battant, le canal se partage en deux bras dont l‘un côté rive gauche a des vannes afin de réguler l’eau pour le Battant. Ce bras alimente deux étangs privés. Le premier était une réserve d’eau pour les filatures HGP et l’autre devait servir aux tuileries Poignant. Il alimentait aussi les lavoirs du faubourg de Nancy au XIXe et début du XXe siècle. L’excèdent d’eau se rejette dans le canal des Vosges.

Le pont des chèvres fut construit en 1825 (page 11 dans le livre Le battant d’Henriette Méline).

Différentes passerelles furent construites telle celle des laveuses en 1860 certainement pour les brasseries et aussi pour les laveuses. Elle arrive juste à côté du lavoir. Une passerelle fut aussi construite au battant en 1894 et une autre privée dont on ignore la date à côté du château Hanus ( Banque Crédit Agricole en 2023).

Sur le canal furent installées des centrales hydroélectriques :

– centrale du battant en 1894 (voir le document sur Le battant). Elle ne fonctionne plus.

– centrale du moulin en 1916 pour les brasseries. Elle a été rachetée en 1971 à la fermeture des Brasseries et est toujours en activité aujourd’hui. Les machines ont été changées en 1980 et l’électricité est vendue à EDF actuellement.

– centrale Gonettant construite au niveau du barrage sur la Moselle entre 1942 et 1944. Elle fut modifiée en 1973, puis 2003. Depuis 2006, elle est automatisée.

– en 2004, une nouvelle petite centrale fut construite à la sortie du canal du moulin juste avant de se rejeter dans la Moselle profitant du dénivelé à cet endroit.

Ces trois centrales appartiennent à un groupe privé qui revend l’électricité à EDF.

Sur ce canal, les lavoirs étaient nombreux. Il en reste deux :

– un à côté de la passerelle des laveuses qui pourrait toujours servir.

– le grand Lavoir qui a été transformé dans les années 1980.

Ce texte a été rédigé par Chantal Carrara avec l’aide totale de Roger Clément, son savoir, sa passion pour le canal, le battant (qui est maintenu en vie grâce à une association du même nom dont il est président) et les centrales. Un grand merci à Roger.

Le grand lavoir.

Le grand lavoir à l’élégante colonnade date de 1862.

« En 1862, l’administration municipale a fait construire sur les rives de la Moselle, entre la rue du Pont et la rue des tanneries, un lavoir public qui réunit à une élégante simplicité toutes les conditions d’espace et de salubrité désirables » Jules Renauld. La ville de Charmes sur Moselle au XVIe et XVIIIe siècles. Ceci grâce à Mr Maurice Grandjean maire et à ses adjoints Mr Charles Luxer et Mr Vinot.

« A cette époque, les femmes faisaient leur lessive au lavoir. C’était en général une bâtisse construite en dur, fermée sur trois côtés dont un avec une porte d’accès, le quatrième côté ouvrant sur la rivière. Au ras du sol, un plateau pentu en ciment plongeait dans l’eau.  Les femmes étaient agenouillées là dans une sorte de caisse en bois dont les trois faces les préservaient des éclaboussures. Le lavoir était fréquenté par les épouses et les mères d’ouvriers, l’eau courante n’existait pas encore dans les logements. Donc, on lavait, comme on disait alors, le linge au ruisseau. Mais « laveuse » était aussi un métier. Les familles bourgeoises avaient à leur service une personne (toujours une femme) pour entretenir le linge au ruisseau. Le lavage avait lieu au lavoir, tâche pénible, surtout l’hiver quand il fallait casser la glace » Henriette Méline dans le livre Le Charme(s) de nos rues.

L’eau du lavoir venait du canal du moulin et y retournait partiellement. Une partie était évacuée dans le canal de l’abattoir par une conduite qui traversait le port.

Une buanderie équipée pour chauffer les lessiveuse et un stock de bois permettaient aux femmes de bouillir le linge qui en avait besoin sur place.

A l’arrivée des machines à laver, le lavoir ne fut plus utilisé et devint un rangement de matériel municipal.

Un jour de 1987, le lavoir fut victime d’un incendie. Le maire de l’époque voulait le raser. Des carpiniens.nes se sont mobilisés.es pour son maintien. Mr Eury René architecte et défenseur du lavoir se vit confier la réfection du lavoir. C’est ainsi que l’on vit apparaître en 1989 un lavoir restauré et agrandi.

Henriette Méline pour conclure nous dit : « Un monument » en parlant du lui et de compléter : « Il a une certaine allure avec sa colonnade qui se reflète dans l’eau du canal du moulin. C’est devenu un lieu d’accueil et de sanitaires à la disposition des bateaux et des camping-cars… ». Le Charme(s) de nos rues.