
Antoine de Saint Exupéry a dit :
« Le disparu, si l’on vénère sa mémoire, est plus présent et plus puissant que le vivant »
Devant vous se dressent deux monuments, au centre le monument commémoratif de la guerre de 1870 et tout autour le monument 14-18.
Le monument de 1870 est l’œuvre du sculpteur GEISLER. Il a été inauguré le 03 octobre 1909.
Au sommet, un officier tient le drapeau serré sur sa poitrine alors que sur le socle, un « moblot » au rude visage gaulois s’apprête à aborder l’ennemi.
Le monument 14-18, inauguré le 3 juillet 1922 a été érigé avec le concours du souvenir Français, des communes, d’ Avillers, Avrainville, Battexey, Bouxurulles, Brantigny,
Chamagne, Charmes, Essegney, Évaux-et-Ménil, Florémont, Gircourt-lès-Viéville, Hergugney, Langley, Marainville, Pont-sur-Madon, Portieux, La Verrerie, Rapey, Rugney, Savigny, Socourt,
Ubexy, Varmonzey, Vincey, Vomécourt-sur-Madon, Xaronval. et des vétérans et anciens combattants de 1870.
Il est l’œuvre de
- M. THOMAS : marbrier.
- M. LECOURTIER Prosper-Jean : sculpteur.
- M. CROISY Onésyme-Aristide : sculpteur.
- M. DURENNE Antoine (Fonderie). Sur l’arc de cercle figurent pas moins de 184 soldats morts pour la France.
Ces braves vont être appelés, ne soyez pas surpris certains ne figurent pas sur le monument, mais ils sont biens tombés au feu et leur mémoire est gravée dans le marbre sur deux plaques se trouvant dans la chapelle.
Vous pouvez remarquer :
un bas relief au centre du monument 14-18, il représente une scène de combat avec une inscription : La bataille de Rozelieures – 25 août 1914 – sauve de l’invasion la
ville de Charmes.
Les piliers de premier plan comportent également des inscriptions symboliques
A gauche, 03 août 1914 Aux armes citoyens
A droite, 11 novembre 1918 Gloire aux poilus
Les deux épées représentent le symbole de la foi chrétienne encore très fervente dans les années 1920. Elles symbolisent également la patrie, c’est en la défendant que les soldats sont morts, ces armes donne une signification guerrière au monument.
Les deux coqs surmontant ces piliers invoquent la France à laquelle ils prêtent leurs qualités : Bravoure, Virilité et Vigilance.
Les palmes surmontant la liste des noms représentent la mort, le deuil.
Quant aux obus ils ne sont pas sans rappeler l’importance de l’artillerie pendant la guerre.Et pour que le passant n’oublie pas on peut y lire :
« Aux Enfants du canton, Morts pour la Patrie »
et
« Passants, saluez nos Héros – ne les pleurons plus, ils sont entrés dans l’Immortalité »
Enfin pour terminer je citerai la devise du souvenir Français :
A nous le souvenir, à eux l’immortalité.

DIMANCHE 03 JUILLET 1922 : jour de l’inauguration.
« La double manifestation qui eu lieu ce jour là fut vraiment symbolique. En effet la XXII ème fête concours de l’association des gymnastes vosgiens a succédé à l’inauguration du monument aux morts de la ville de Charmes.
La ville s’est parée de tous ses atours. Les arcs de triomphe, les guirlandes de fleurs et de feuillage, et les drapeaux tricolores ornent les rues et les fenêtres de la cité.
Charmes va faire vivre aux milliers de visiteurs une journée empreinte du plus dur et du plus ardent patriotisme.
La matinée est consacrée au culte des morts et ceux dont le souvenir sera perpétué à jamais. L’après-midi est consacréaux gymnastes, noble élite de notre jeunesse, espoir de la France de demain. »
L’inauguration du monument :
De 09 heures à 10 heures, l’ANC de Vincey-Portieux, la vigilante de Charmes et la fanfare de La Neuveville les Raon donnent un concert sur la place de la mairie.
A 10 heures, sur cette même place a lieu des remises de diplômes aux familles des disparus et des remises de médailles aux mères de familles nombreuses. Cette première partie se termine par une revue des sapeurs pompiers,
A 10 heures 30, les personnalités sont accueillies. Le cortège est ensuite formé pour rejoindre le monument aux morts dans la grande rue (actuellement rue des divisions américaines),
Sur l’estrade sont présents :
M. MAGRE, Préfet des Vosges ;
M.Le comte d’Alsace, sénateur ;
M. FLAYELLE et M. MATHIS, députés ;
M. FOLLACCI, Sous-Préfet de Mirecourt ;
M. SIMARD, maire de Charmes ;
M. A. MATHIS et M. ROBIN, conseillers généraux ;
M. HUIN, M. GUILLON, M. CROUZOT, conseillers d’arrondissement ;
M. RICHARD, conseiller général ;
M. TCHOEN, directeur de la BTT ;
M. HEURTEFEUX, chef de cabinet du Préfet ;
M. BORDET et M. LEMAIRE, adjoints au Maire de Charmes ;
M. QUILLE, secrétaire générale de la fédération des anciens combattants et des mutilés ;
M. PERRIN, Maire de Vincey ;
Les conseillers municipaux de la ville de Charmes.
Dans un silence impressionnant M. SIMARD (lui même grand mutilé) fait l’appel des 185 morts auquel M. LEONARD (grand blessé) répond pour chaque nom « mort au champ d’honneur ».
Après la sonnerie « aux champs », un moment de silence est respecté avant que les voix au timbre pur des enfants des écoles n’entonnent la marseillaise.
Puis ce sont les discours, celui de M. SIMARD, maire de Charmes, suivi de M. QUILLE, secrétaire générale de la fédération des anciens combattants et des mutilés, suivi de M. RICHARD, conseiller général ; puis de M. MATHIS, député ; M. FLAYELLE, député ; M. Le Comte d’Alsace, sénateur ; en enfin M. MAGRE , Préfet des Vosges.
Après une dernière sonnerie de clairon et une salve d’artillerie, la cérémonie est terminée.
Ce sont plus de 3000 personnes qui ont assistés à cette cérémonie.
Cette cérémonie est suivie d’un banquet ou se retrouvent toutes les personnalités.
L’après midi est jalonnée d’épreuves de gymnastique sur le terrain aménagé au port de Charmes.
Discours de M. SIMARD, Maire de Charmes :
« M. le Préfet,
MM. les sénateurs, députés, conseillers généraux et conseillers d’arrondissement,
Mesdames, messieurs,
Nous inaugurons en ce jour le monument que la piété patriotique des habitants et de ses édiles a élevé aux enfants de Charmes morts pour la France , Gloire à eux ! Gloire à nos poilus qui ont remporté une victoire incomparable dont les résultats égalent les hauts sommets de l’histoire du monde.
Immortel honneur à l’armée Française et à ses chefs illustres !
Ce monument est destiné à publier leur gloire , à perpétuer de génération en génération le souvenir de leurs prodigieux exploits, de leurs peines et leurs souffrances sans nombre.
Saluons dans un hymne d’admiration et de gratitude la mémoire des sauveurs de la Patrie et de la liberté.
Nos morts nous ont rendus l’Alsace et la Lorraine, arrachées de la mère Patrie pendant près d’un demi-siècle et par dessus la ligne bleue des Vosges, chère à notre grand patriote Jules FERRY, nous pouvons contempler les flots argentés du Rhin Français.
Voilà leur œuvre sublime !
Ici ils sont 200. Ne les pleurons plus, ils sont entrés dans l’immortalité. Mais, de leurs tombes qui jalonnent nos frontières de Dixmude au Rhin, ils nous crient : souvenez-vous.
Souvenez-vous, que si nous avons gagné la guerre, vous, les mutilés et combattants ; vous les rescapés de la fournaise ; vous les travailleurs de la terre et de l’industrie vous devez gagner la paix.
Et vous la gagnerez par l’union, la concorde et un travail inlassable.
En avant ! Pour la France victorieuse, la Liberté et la République ».
Extrait de L’Expess de l’Est publié le lundi 3 juillet 1922.
Document réalisé par Francis VERDUN.
